Biodiversité, point d’étapes 2109 – les papillons

Biodiversité - Papillons

PAPILLONS
certains sont de retour cette année, mais la situation reste encore très fragile !

L’an dernier, vous aviez fait le constat que les papillons avaient déserté nos jardins, nos chemins et vous vous en alertiez. Cette année 2021, vous étiez tous unanimes, heureux de nous annoncer que certains papillons comme le vulcain ou le paon du jour étaient de retour. C’est un premier pas, tous ne sont pas revenus, beaucoup reste encore à faire, il est important de protéger leurs habitats, les plantes hôtes des chenilles comme l’ortie ou les chardons ou l’artichaut de la famille des chardons, de laisser les fleurs sauvages, comme le trèfle, le pissenlit se développer dans vos pelouses, de préserver les haies des champs et des jardins avec des espèces vernaculaires (ex : pruneliers, saules en milieu humide), de planter des espèces florifères dans les haies comme dans les massifs. Vous avez souhaité en savoir plus, pour les reconnaître et favoriser leur accueil dans notre commune et pourquoi pas aller plus loin avec la création d’un sentier refuge le long du Tellé ?

Sans orties,
pas de vulcain, ni de petite tortue,
ni de Paon du jour,
Sans chardons et artichauts
pas de belle dame !

Sans oublier, les chatons des saules et les fleurs de pruneliers !

Les papillons et leurs chenilles ont besoin de vous !

Nous avons eu cette année la chance de pouvoir observer à nouveau à Pont-Péan le vulcain Vanessa atalanta (avis de recherche du 3 septembre 2021) du genre vanessa, de la famille des Nymphalidae, et le Paon du jour Inachis io, de la famille des Nymphalidae et du genre Aglais dont les chenilles se développent sur les orties. S’il faut s’en réjouir, il ne faut oublier que tous ne sont pas encore au rendez-vous. Par exemple, La Petite tortue ou Vanesse de l’ortie, Aglais urticae, de la famille des Nymphalidae n’a pas encore fait l’objet d’observation. Elle était pourtant largement répandue. Sa chenille se nourrit également d’orties. Vanessa cardui, La Belle Dame, appelée aussi Vanesse des Chardons ou Vanesse des Artichauts, si nombreuse autrefois, n’a pas été observée, à notre connaissance, cette année non plus, sur Pont-Péan. Elles étaient pourtant référencées au XVIIIe siècle sur la planche de Christophe-Paul de Robien1 (voir ci-dessous) consacrée à la Bretagne naturelle.
Cette année, la gestion différenciée des espaces verts de la commune, l’action des jardiniers au naturel, celle de nos agriculteurs et maraîchers bio, vos observations, bientôt les projets citoyens, sont et seront un premier pas en faveur de la biodiversité. Continuons, ils ont tellement besoin de vous et nous avons aussi tellement besoin d’eux !

1 – Le président à mortier au Parlement de Bretagne Christophe-Paul de Robien (1698-1756)
Illustration :  Le monde des papillons : promenade à travers champs / par Maurice Sand ; orné de 62 dessins par l’auteur ; avec une préface de George Sand. Date d’édition :  1867 ; Suivi de l’Histoire naturelle des lépidoptères d’Europe / par A. Depuiset,…Auteur  :  Sand, Maurice (1823-1889). Auteur du texte  :  Depuiset, Alphonse (1822-1886). Source  :  Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, S-8641

Avis de recherche - Vulcain - Vanessa atalanta

Le Vulcain, Vanessa atalanta (Linnaeus, 1758)

Le dessus des ailes du vulcain est noir velouté avec une bande orangé-rouge longitudinale aux antérieures et une bordure de même couleur aux postérieures. L’apex est orné de taches blanches et bordé de fines lignes bleues. La longueur de l’aile antérieure est de 30 cm. Il est facile à reconnaître, notamment posé avec les ailes étalées. Le vulcain est un papillon migrateur. Il atteint le nord de l’Europe chaque année. Si on les aperçoit encore en nombre en septembre à Pont-Péan, ils se font plus rares en octobre. En automne, les adultes de la génération hivernante migrent en partie vers le sud de la France. Ils sont particulièrement attirés par les fruits trop mûrs tombés au sol.

Les adultes s’alimentent au printemps sur les chatons de saules et les fleurs de pruneliers. Les œufs sont déposés isolément sur le revers des feuilles d’orties et de pariétaires. Les jeunes chenilles construisent un abri avec les feuilles de la plante hôte réunies par de la soie. Dès que la nourriture manque à proximité, la chenille se déplace pour construire un nouvel abri dans un endroit plus favorable. La chrysalide est généralement localisée dans le dernier abri larvaire. Le cycle comporte plusieurs générations par an.

Vulcain observé à Pont-Péan en septembre 2021 sur Abelia chinensis. ©photo : EOL 202109.

Paon du jour, Aglais io (Linnaeus, 1758)

Le dessus des ailes du Paon du jour, Aglais io (Linnaeus, 1758) est rouge-brun avec une bordure brun fuligineux. Chaque aile possède un gros ocelle chamarré de pourpre, jaune et bleu aux antérieures ; de couleur bleu aux postérieures.
Le dessous des ailes est marbré de brun. Lorsque les ailes sont fermées, l’espèce peut être confondue avec la Grande Tortue (Nymphalis polychloros (Linnaeus, 1758). L’espèce a deux générations par an.

Les adultes s’alimentent au printemps sur les chatons de saules et les fleurs de pruneliers. Les œufs sont déposés en amas sur le revers des feuilles d’orties. Les chenilles vivent en communauté dans une toile et se dispersent au dernier stade. La chrysalide est suspendue dans la végétation.
Les adultes sont très floricoles et visitent de nombreuses plantes nectarifères dont les asters et ici l’Abelia chinensis pour les arbustes. Les paon-du-Jour apprécie les milieux boisés, humides, ou buissonneux avec des parties découvertes ensoleillées. Vulcain et Paon-du-Jour ont été observés simultanément sur l’abélia.

Paon-du-jour, observé à Pont-Péan en septembre 2021. sur Abelia chinensis ©photo : EOL 202109.

Le chemin nature sud du ruisseau du Tellé, vers l’étang de la Chaussée

Sentier du Tellé sud - Biodiversité

Beaucoup d’entre-vous ont découvert ce chemin nature de Pont-Péan lors de l’écobalade du 18 septembre 2021 « le ruisseau du Tellé retrouve ses droits« , juste avant les travaux de reméandrage qui sont entrepris actuellement pour la préservation de notre ressource en eau et plus encore de biodiversité. C’est un milieux boisé, humide, et buissonneux avec des parties découvertes ensoleillées et un espace à reines des prés en mégaphorbiaie1. Vulcain et Paon du Jour y trouvent abris et ont été observés cette année dans nos jardins en plus grand nombre.
De chaque côté du sentier, le long du ruisseau situé à gauche, sous le couvert des chênes pédonculés et des aulnes, angéliques des bois, reines des prés, épiaires des marais Stachys palustris, orties dioïques qui abritent les chenilles du Vulcain, du paon du jour, s’expriment encore en septembre. Ces plantes servent de refuges à une faune variée et participent à la continuité écologique.

1 La mégaphorbiaie (de mega, grand et phorbe, lplante herbacée à feuilles plus ou moins larges à bords non parallèles. Opposé à graminoïde) ou friche humide est une formation végétale hétérogène constituée de grandes herbes se développant sur des sols riches et humides. En zone tempérée, elle correspond à un stade floristique de transition entre la zone humide et la forêt. Formation haute et dense, luxuriante, de plantes herbacées vivaces avec dominance de dicotylédones, elle joue un rôle écologique important.

Le sentier est bien marqué par le passage des promeneurs, mais les bas-côtés sont préservés en zone 4 « espace naturel » du plan de gestion différenciée de la commune. Plus loin, des espaces sont laissés volontairement en zone 5, où l’homme n’intervient plus. Les bois se décomposent naturellement et favorisent la vie.

Ce n’est pas un signe de mauvais entretien, bien au contraire. Les branchages protègent le sol et produisent l’humus qui enrichit le sol. Ils permettent à de nombreux insectes, champignons, oiseaux de se nourrir et se loger. L’ONF estime que  » près de 25% des espèces forestières animales et végétales dépendent de la présence de bois mort « . Sans parler, de microbiome, (l’ensemble du génome des populations microbiennes d’un milieu) et de microbiote (l’écosystème complexe de ces micro-organismes) qui nous conduisent vers un monde à la fois microscopique, immense et méconnu, premier maillon d’une longue chaîne alimentaire, mais aussi acteur crucial de la régulation du climat.

Verrons-nous la Belle dame, Vanessa cardui , l’an prochain ?
la gestion différenciée des espaces, nos jardins, les champs, les espaces naturels,
la loi Labbé, peuvent y contribuer…

La gestion différenciée des espaces verts optimise les moyens humains, favorise les essences locales, prend en compte les espèces sauvages. Elle permet également la limitation de tous les Pont-Péannais à l’exposition des produits phytosanitaires et sensibilise le grand public à l’environnement, par la connaissance.

Au-delà d’un gain de temps et d’organisation, la gestion différenciée a pour objectif de préserver la biodiversité et ainsi la santé des habitants. Initialement la gestion différenciée visait à réduire l’usage des pesticides au niveau national. Depuis le 1er janvier 2017, la Loi Labbé interdit désormais l’utilisation des produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries accessibles ou ouverts au public et bientôt en 2022 les terrains de sport seront concernés. Elle est, à Pont-Péan, composée de 4 catégories (voir page 18 du magazine N° 158 de Pont-Péan), à laquelle il faut ajouter les espaces naturels publics ou privés sans intervention humaine.

  • Zone 1 : Vocation décorative et démonstrative (route de Nantes, mairie, cimetière) ou sportive (terrain de foot) où la nature est très contrôlée.
  • Zone 2 : Conservation d’un rendu esthétique tout en diminuant les interventions.
  • Zone 3 : Le fleurissement naturel et local est favorisé
  • Zone 4 : Espaces naturels où le jardinier n’a qu’un rôle d’accompagnateur.
  • Zone 5 : Espaces naturels sans intervention de l’homme.


À titre d’exemple, les services techniques de la ville ont laissé un pied d’artichaut, non loin de la salle de sport, sur le chemin de l’école. Ce pied d’artichaut, épargné par la fauche de septembre pour le forum des associations du 4 septembre dernier, abrite déjà différents insectes mellifères. ©photo JPL 210904. Les artichauts sont très décoratifs, n’hésitez pas à les adopter dans vos massifs et jardins.

La belle dame, la vanesse des chardons et artichauts : Vanessa cardui (Linnaeus, 1758)

La Belle dame, Vanessa Cardui, cette espèce migratrice de papillon circule notamment entre Afrique et Europe, en flux migratoires. En Europe, on observe une à deux générations dans l’année. Le dessus des ailes est de couleur chamois orangé avec des taches noires. L’apex des ailes antérieures est noir avec des taches blanches. Le dessous des ailes antérieures ressemble au dessus, mais avec une forte suffusion de rose. Le dessous des postérieures est marbré de brun clair et de blanc avec une série d’ocelles dans la partie marginale. Longueur de l’aile antérieure : 28 mm. Les adultes sont observés de mi-avril à mi-octobre.

Les femelles de la Belle Dame pondent leurs œufs isolément sur diverses plantes hôtes avec une préférence pour les espèces de chardons, y compris l’artichaut. Les jeunes chenilles construisent un abri lâche avec les feuilles de la plante hôte réunies par de la soie. La chrysalide est généralement localisée dans le dernier abri larvaire.

©photo MNHN : P. Collet et E. Poirier, merci au MNHN – la photo de la belle dame de l’image bandeau a été prise en juin (JPL210603) dans la commune voisine de Laillé sur le sentier refuge LPO

Les papillons au XVIIIe siècle (vers 1756) en Bretagne, les planches de Robien

Papillons et chenilles - Vulcain, Paon-du-jour

Sur cette planche de la « description historique, topographique et naturelle de l’ancienne Armorique, le vulcain et le paon du jour toujours observés aujourd’hui à Pont-Péan, sont représentés par Christophe-Paul de Robien vers 1756. On note aussi la présence de Robert-le-diable, de la petite-tortue, et de la Belle-Dame. Parmi les manuscrits de Christophe-Paul de Robien, le document intéressant l’entomologie est la « Description historique », rédigée par le président de Robien, « des collections conservées dans son cabinet », et, parmi les deux volumes, le premier qui est consacré à l’histoire naturelle. Les pages 879-1004 sont consacrées à l’entomologie, et elles débutent par la description de la collection de papillon pp. 879-971. Cette partie est illustrée de sept planches numérotées 126 à 132.

Dans cette collection,  sur un total de 2167 objets d’histoire naturelle, on compte 207 insectes dans le catalogue de 1740 (Description…). Il en restait 183 (sur un total de 7124 objets, par forte augmentation des minéraux et végétaux) dans l’inventaire de 1794 après saisie révolutionnaire. De Robien est l’auteur de la Description historique, topographique et naturelle de la Bretagne, daté vers 1756 : ce manuscrit est conservé à Rennes sous la cote Mss 0310-0312. Le manuscrit Ms 0312 consacrée à la Bretagne naturelle contient une Planche de papillons en couleur, la planche  III-4.

On y compte  49 formes de papillons : 16 chenilles, 19 chrysalides ou cocons, 16 imagos,  identifiables et autochtones. Les 8 Nocturnes, sont   Saturnia pyri le « Grand Paon de Nuit » ; Gastropacha quercifolia « La Feuille-Morte du Chêne » ; Lasiocampa quercus « Le Bombyx du Chêne » ; Euproctis similis « Le Cul-jaune » Tyria jacobaeae « La Goutte de sang » ; Arctia villica « L’Écaille villageoise » ; Euplagia quadripunctaria « L’Écaille chinée, Callimorphe » ; Catocala nupta  « La Mariée », et,  en bas, Acherontia atropos « Sphinx à tête de mort ». Les 8 Diurnes sont Polygonia c-album (Robert-le-Diable), Lasiommata maera (Némurien), Vanessa cardui (Belle-Dame), Argynnis paphia (Tabac d’Espagne), Aglais urticae (Petite Tortue), Inachis io (Paon-du-Jour), Vanessa atalanta (Vulcain) et Limenitis reducta (Sylvain azuré).

Titre : Description historique, topographique et naturelle de l’ancienne Armorique ; Différentes espèces de chenilles et papillons ; Auteur : Christophe-Paul de Robien (1698-1756) ; Lieu de production : France – France (Ouest) – Bretagne – Ille-et-Vilaine – Rennes ; Date : Vers 1756 ; Support : Papier ; Technique graphique : Dessin ; Aquarelle ou découpage ouvrages/collage (papillons) ; Hauteur en cm : 46 ; Largeur en cm : 29 ; Cote : Ms 0312 ; Page/feuillet : Planche III_4 ; Gestion des droits : Domaine public ; Fonds : Images ; Référence : I-2012-0001078 ; Contenu dans : Manuscrit ;

Bibliographie :
G. Aubert, Le président de Robien. Gentilhomme et savant dans la Bretagne des Lumières, Rennes, 2001.
J.Y. Veillard, Description historique topographique et naturelle de l’ancienne Armorique, Mayenne, 1974.

Pour en savoir plus, consultez
>> nos avis de recherche, sur le chardonneret, la scille, l’osmie cornue, la chicorée sauvage, le vulcain
>> nos articles sur le déclin des insectes, les martinets et hirondelles
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Par Convention Citoyenne Biodiversité Pont-Péan

Convention citoyenne permanente du conseil participatif de Pont-Péan